"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

jeudi 8 novembre 2007

Signe des temps


Je n'avais pas vu cela depuis très longtemps. Et la dernière fois où je l'avais vu, c'était probablement au sud de l'Italie dans les années 70 ou dans un village andalou sous Franco. Bref, dans des contrées encore fortement catholiques.



Cela s'est passé aujourd'hui près de mon Monoprix parisien, vers 17 heures, en ce jeudi de Novembre 2007, dans notre pays qui lentement se déchristianise.



En face de mon Monoprix, il y a une église. Un homme jeune, la trentaine, habillé sans extravagance, un peu à l'ancienne, aperçoit l'église sur le trottoir d'en face alors que je suis sur le point de m'engouffrer à Monoprix.



Je le croise. Et je le vois faire un geste discret, pas du tout ostentatoire. Ce geste, il le fait pour lui-même, par respect. Il fait un signe de croix en passant devant l'église qui est de l'autre côté de la rue. Cela me trouble et m'interroge.



Cela signifie que la foi l'accompagne en permanence, au moindre déplacement, dans la rue, tous les jours et partout.



Il s'agit de rien du tout et pourtant ce n'est pas anodin : à la nuit tombante, dans une rue bruyante et indifférente, il s'agit d'un signe de croix, furtif mais déterminé, en passant devant une église.



Cet inconnu n'a rien imposé aux autres. Il n'a pas étalé ses convictions de manière envahissante. Cet homme jeune est passé devant une église et il a fait un petit signe de croix.



Nous sommes en 2007, époque païenne et confuse où la "Star'Ac" et autres balivernes tiennent lieu de culte.



Moi, l'agnostique, je salue l'élégance de ce geste sincère.



On peut se moquer des bigots. Mais il faut saluer les croyants, les vrais. Il faut évidemment se méfier des prosélytes pénibles et des grenouilles de bénitier.



C'est la foi discrète des modestes à laquelle il faut rendre hommage.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de nous faire partager un maximum d'émotions. un jour, moi aussi, j'ai vu à 7 heures du matin une vieille femme habillée de noir en face d'une cathédrale (Beauvais). Devant elle, 15 marches, puis l'entrée majestueuse. Elle sur le trottoir, priant à genoux dans le vent du petit matin de mars. Cette image ne m'a jamais quitté, je me demande parfois si j'avais rêvé...

Anonyme a dit…

J' apprécie la sincérité de ce petit tableau anyhow, bien qu'il soit assez déprimant que la simplicité de ce geste doive désormais nous étonner.

Blond a dit…

Parole d'une agnostique...
Prier, aimer, garder le sens de l'humour...
Et toujours, toujours,lire René Char...et Saint Augustin...l'espoir a deux filles de toute beauté, la colère et la bravoure, la colère pour les choses telles qu'elles sont et la bravoure pour les changer...les changer...