"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

lundi 14 avril 2008

OGM (suite) : même Libé s'interroge...


Un tournant ? Le journal "Libération", après des années de militantisme anti-OGM pour satisfaire son lectorat écolo-bobo, offre une timide ouverture dans l'éditorial d'aujourd'hui. En substance : et si les OGM finalement, ce n'était pas nécessaire ?

C'est à lire ici :

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LE FOSSÉ
Editorial de DIDIER POURQUERY
(Libération du lundi 14 avril 2008)


Le constat est impitoyable : nous sommes entrés dans un cycle long de hausse des matières premières agricoles qui vont pousser au désespoir nombre d’habitants des pays dits émergents. Face à cette perspective qui affole les grandes organisations internationales, le fossé se creuse entre les problèmes du Nord et ceux du Sud. Certes, nous constatons en Europe aussi des hausses importantes des produits alimentaires. Notre baguette augmente, mais chez nous le pain ne pèse pas aussi lourd dans le budget des ménages que dans celui des pays pauvres. Au Nord, nous avons depuis plusieurs années considéré comme résolue la question européenne de l’autosuffisance alimentaire et pour réduire le poids de la politique agricole commune nous avons réfléchi à une autre façon de voir l’agriculture: plus économe, responsable, bio, etc. Le débat sur les OGM que nous avons eu ces dernières semaines illustre cette tendance. Or, face à l’explosion de la demande, à la baisse mondiale des stocks, à la flambée des cours, aux émeutes de la faim, il faut se remettre à produire. Produire beaucoup, vite et moins cher. Nous voici face à un dilemme douloureux: revenir à une agriculture productiviste, en utilisant toute la palette des nouvelles technologies (agrochimie, OGM…), ou continuer de défendre un modèle raisonnable et raisonné qu’on pourrait considérer comme frileux au vu des enjeux de la planète. Evidemment, la réponse est quelque part entre les deux attitudes. Mais les pays du Sud ne pourront pas attendre très longtemps. Il faut repenser entièrement le modèle agricole mondial.

-------------- ©Libération -----------------------

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je me permets d'en rajouter une couche sur les OGM car c'est fou le nombre d'approximations, de bétises, de raccourcis, de pressions, etc. que l'on peut trouver autour des OGM.

Je viens de tomber sur un article du Figaro, une interview de Michel Barnier (absent lors du débat sur les OGM à l'Assemblée, soit-dit en passant) :

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Question: Faut-il autoriser les OGM pour la recherche ?
Barnier: Évidemment. Mettons dans ce débat davantage de raison que de passion, et prenons garde de ne pas décourager les laboratoires publics et privés.
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Ma première réaction en lisant les propos de Barnier : "non, mais quel connard !".

Cela fait au moins une bonne dizaine d'années que les OGM sont cultivés par les labos, par ex, pour produire des médicaments : http://www.immunology.u-psud.fr/Cours_Chatenay/OGM.pdf

Je me souviens encore d'une présentation lors du 20h il y a des lustres maintenant.

Voilà ce à quoi on a droit dans la presse :
- des approximations qui ne permettent pas d'y voir clair, qui sément la confusion, et
- des personnes qui devraient pourtant s'y connaitre un peu mieux pour aider les francais à faire la part des choses et qui n'ont pas l'air de faire correctement leur boulot.

Barnier, je l'aimais bien, il avait l'air d'avoir une bonne tête. Depuis son intervention sur France Inter, il y a 2 semaines, je me dis que ce type est dangeureux, très. A une question sur la compétivité de la France par rapport aux OGM, il a poussé les feux de l'autorisation des OGM et leur culture en plein champ. Vu que la maitrise des OGM passe essentiellement par les labos pour une phase de mise au point, et par une longue phase de test en milieu confiné, et non par la culture en plein champ, je suspecte que, au mieux, Barnier ne sait pas de quoi il parle, ou il ne sait pas présenter clairement la part des choses à ses interlocuteurs ; et au pire, il sert, évidemment sans nous le dire, certains intérêts financiers et industriels. Dur pour un ministre de l'agriculture...