"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

jeudi 22 mai 2008

Angola Sarkozy


Voici cette courte conversation saisie tout à l'heure dans mon supermarché.

Un homme entre deux âges s'adresse à un autre : "Avec tout ce qui se passe maintenant, impossible de dire ce qui va nous tomber dessus, qu'on soit petit ou grand." La vérité impeccable de la sagesse populaire résume à merveille l'imprévisibilité de notre époque. Qu'on soit petit ou qu'on soit grand !

Prenons le cas d'un petit, au hasard. Je prends le cas d'un petit bonhomme assez connu. En ce qui le concerne, on peut prévoir au moins ce qu'il fera demain. Le président de la République Française, notre petit bonhomme, va prendre demain un gros avion pour faire un long voyage.

Mais, la nuit venue, il sera de retour au bercail pour dormir dans son petit lit douillet dans son palais parisien. Nicolas Sarkozy arrivera demain vers 9 h (heure locale) à Luanda, capitale de l'Angola. Il en repartira le même jour à 13h.

Selon le site officiel de l'Elysée, voici comment va se dérouler ce déplacement du chef de l'Etat français :
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Le Président de la République effectuera une visite officielle en République d’Angola, vendredi 23 mai 2008.



Le Chef de l’État sera accompagné de Mme Anne-Marie IDRAC, Secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur et de M. Alain JOYANDET, Secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie.




Programme du déplacement




9h00 
Palais Présidentiel

Cérémonie officielle d’accueil par M. José Eduardo Dos Santos, Président de la République d’Angola
 


9h15 
Entretien en tête à tête des deux Chefs d’État, puis élargi aux délégations



10h20 
Cérémonie de signature d’accords



10h30 
Brèves déclarations à la presse dans le jardin du Palais



11h00 
Lycée français Alioune Blondin Beye

Réception de la Communauté française

Allocution du Président de la République



12h00 
Palais Présidentiel

Déjeuner de travail

Échange d’allocutions avant le début de repas



13h00 
Cérémonie officielle de départ

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Si je calcule bien, ça fait en tout et pour tout, 4 heures de présence sur le sol angolais. Il faut savoir que le vol aller Paris-Luanda dure 8 heures. Le vol retour aussi. Autrement dit, 16 heures d'avion pour passer 4 heures en Angola.

Tout cela pour aller s'incliner devant le très douteux José Eduardo Dos Santos, le président angolais. Ce potentat a accédé au pouvoir dans des conditions discutables et pas du tout démocratiques. Ce pouvoir, il l'exerce sans partage depuis presque trente ans.

José Eduardo Dos Santos fait partie des dirigeants africains les plus corrompus. Son patrimoine colossal, puisé frauduleusement dans la manne pétrolière, principale richesse du pays, est investie en Suisse et dans des propriétés luxueuses situées dans les meilleures capitales occidentales.

C'est ce dirigeant sulfureux que Nicolas Sarkozy a choisi d'honorer (furtivement) de sa présence.

Quatre heures en Angola, c'est à la fois trop et pas assez. Pas assez pour dire à Dos Santos ses quatre vérités, au nom de la "rupture" ostensiblement proclamée par rapport à la "Françafrique" chiraquienne.

Mais quatre heures, c'est accorder beaucoup de temps à ce personnage peu fréquentable. Là aussi, le président Sarkozy devra nous expliquer sa démarche.

Quand je regarde le programme de la journée de demain, je me demande comment va se dérouler "le déjeuner de travail" à Luanda.

Le déjeuner commence à midi et se termine à 13 heures. Il y a en prime un "échange d'allocutions". Ça m'étonnerait qu'on "travaille" beaucoup pendant ce déjeuner. D'autant que le président français ne cessera de regarder sa Rolex. Et qu'il faudra quand même manger un petit morceau.

Notre Sarko tiendra à ne pas être en retard pour son avion du retour. Décollage à 13 h. Arrivée à Paris, si tout va bien, à 21 heures. Avec une voiture munie d'un gyrophare, ça nous fait un retour à l'Elysée au plus tard à 22 heures. A condition que Dos Santos ne tarde pas à servir le dessert à Luanda à la fin du "déjeuner de travail".

Après ce cirque angolais , il faudra aussi établir la facture écologique de ce voyage passablement ridicule.

Monsieur le président, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, nous aimerions avoir connaissance des émissions de CO2 de votre Airbus dans notre atmosphère planétaire pour cette escapade largement superflue.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Six heures en Angola, c'est l'ambassadeur de France qui doit être satisfait : il va pouvoir reprendre son train-train quotidien rapidement ...

Anonyme a dit…

Et comme le dit le journal la Charentes Libre "En VRP bonimenteur, Nicolas Sarkozy a tout de même poussé la flagornerie un peu loin en assurant que la France sera «honorée de recevoir» le Président angolais Dos Santos «comme un visiteur prestigieux et comme un ami».
L'épisode Kadhafi n'était pas une erreur, c'est la rupture il change la France en carpette.