"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

samedi 23 octobre 2010

Halte à la cruauté envers la jeunesse !


On est parfois cruel avec la jeunesse. Je ne parle pas de ce qui se passe en France. Je veux ici vous raconter le reportage épouvantable que je viens de voir sur la BBC.

Eloignez les âmes sensibles. Mon récit est celui d’une torture insoutenable, à côté duquel les échos venus de la prison irakienne d’Abou Ghraib paraissent bien anodins.

La BBC a diffusé des images sans concession de l’expérience perverse tentée par l’Université de Bournemouth (Dorset), au sud de la Grande Bretagne.

(Petite parenthèse personnelle : Bournemouth, été 1967, mon premier séjour en Angleterre, marqué par la découverte de l’album des Beatles ‘Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band’ qui venait tout juste de sortir.)

Mais revenons à nos moutons.

Trois étudiants de l’Université de Bournemouth (l’une des meilleures du pays, je le signale au passage) ont donc été soumis à un défi qui paraît inimaginable.

On a demandé à ces étudiants (deux filles et un garçon) de se passer totalement pendant 24 heures de toute leur technologie : télé, ordinateur, téléphone portable. Rien, plus rien du tout. Coupés du monde. Autant vivre en Papouasie. Et cela, pendant 24 heures interminables.

Imaginez ce que cela représente vraiment : 86400 minutes sans voir un seul instant l’équivalent britannique de « Secret Story », sans téléphoner pour dire : « t’es où ?» (« where are you ? »), sans consulter Facebook ou envoyer une fadaise sur Twitter. Oui, 24 longues heures.

Il faut dire qu’ils ont été valeureux, ces trois jeunes Anglais ! L’Ordre de la Jarretière ne serait pas superflu, Majesté, sans vouloir vous commander.

Ces trois jeunes gens, dans le reportage de la BBC, luttent avec courage. Pas de portable, pas de télé, pas d’ordinateur, c’est une épreuve terrible car les tentations sont permanentes. Dans une université, les écrans sont présents partout. Il faut s’en détourner.

Il y a dans le reportage un moment très fort. C’est le moment où l’une des étudiantes soumises à ce test impitoyable se rend à la bibliothèque. Et que fait-elle ? Elle saisit un livre. Oui, j’ai bien dit : un livre. N’est-ce pas admirable ? Plus de téléphone, plus de télé, plus d’Internet. Dans un geste désespéré, l’étudiante s’agrippe à un livre ! Pour le lire ? La BBC ne nous le dit pas.

A la fin du reportage, le garçon et les deux filles, pour passer le temps et mieux supporter leur épreuve douloureuse, vont se promener sur la plage de Bournemouth. Chance incroyable à cet endroit en octobre, il fait beau et il y a même du soleil. Vous imaginez l’audace de cette initiative : deux filles et un garçon se promenant sur une plage, sans téléphone portable, sans Ipad, sans aucun contact avec le monde virtuel. C’est insensé, non ?

Le reportage de la BBC se termine bien. Un prof vient faire le bilan devant la caméra. Rien d’irrémédiable ne s’est produit. Il n’y aura pas de séquelles. Les étudiants retrouvent leurs outils numériques. Ouf ! On a eu tellement peur.

Aucun commentaire: